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9 mai 2016 1 09 /05 /mai /2016 05:23

Mesdames, Messieurs, chers Chers amis villaroises et villarois, bonjour,

Nous voici encore une fois réunis, pas seulement pour célébrer la fin de la deuxième guerre mondiale, mais comme chaque année pour réfléchir ensemble sur le monde tel qu’il est issu de cet immense massacre que fut ce conflit planétaire.

Ici, à Villars, nous n’avons jamais célébré la guerre, et son cortège de massacres et d’horreurs, mais bien au contraire, nous avons fêté :

 

La paix et la liberté retrouvées,

La libération des camps de concentration,

Le retour des prisonniers,

Le gouvernement issu du Conseil National de la Résistance

La reconquête de notre souveraineté nationale,

Le juste châtiment des collaborateurs français de la gestapo,

La reconstruction de notre pays.

          Les nationalisations qui firent de notre pays, l’un des plus puissants de la planète.

          Les lois sociales qui enfin protégeaient le monde du travail.

 

A cette époque, il semblait que les hommes et les femmes de notre pays, avaient tiré un trait sur les idéologies nazies et fascistes qui avaient entraîné ce désastre mondial.

 

Presque plus personne n’osait se prononcer en faveur de la ségrégation entre des peuples de confessions religieuses différentes, après le massacre organisé des juifs.

 

Presque plus personne n’osait plus parler de races inférieures, après les persécutions épouvantables contre les Tziganes, les Roms, et toutes les minorités ethniques,

 

Presque plus personne n’osait contester le droit à résister à l’oppression, car la résistance avait fait la preuve que c’était le seul chemin à prendre pour rétablir la démocratie, face à la barbarie.

 

Et ce sont ces sentiments, puissants, qui avaient permis de construire une nouvelle France, qui au-delà des appartenances politiques de chacun, donnait de l’élan à notre sentiment d’appartenance à une Nation ouverte, solidaire, confiante dans les droits de l’homme et en particulier dans le respect des minorités qui avaient tant souffert.

 

Mais cela ne pouvait suffire, car comme le disait Bertolt Brecht : le « ventre immonde de la bête » (il parlait du nazisme), pouvait enfanter encore bien des retours en arrière, au nom de la peur des autres, au nom de la liberté du plus fort, au nom du droit à la réussite par rapport à ceux qui échouent, au nom des droit souverains des grands possédants …

 

Et le monde rapidement s’est de nouveau divisé en deux camps :

Ceux qui voulaient la paix.

Ceux pour qui la guerre était un moyen comme les autres de régler les différends entre les peuples et entre les classes sociales, entre les ethnies différentes.

 

Nous, qui avons tant cru qu’après deux guerres mondiales, la guerre serait bannie à jamais, nous nous sommes trompés.

 

Pas un jour de paix, dans le monde depuis la fin de la 2ème guerre mondiale.

Pas un jour sans massacres, que ce soit en Argentine, en Indonésie, en Palestine, en Algérie, en Grèce, dans les Balkans, au Rwanda, au Yémen, en Syrie…

 

Nous, les français, avons cru que les champs de batailles éloignés de notre hexagone, ne nous concernaient pas.

Notre développement économique, la progression du confort pour une large partie de la population, nous a fait oublier que le monde continuait à se battre avec des armes de plus en plus redoutables.

 

Et fatalement nous avons été atteints.

Bien sûr, nous ne sommes pas bombardés, des villes entières ne disparaissent pas sous leurs décombres, nous n’en sommes pas au temps où des centaines de milliers de français fuyaient le nord de la France pour se réfugier dans le Sud…

 

Mais nous avons engendré dans nos propres sociétés des inégalités, des éléments de frustrations, des fantasmes qui sont des dangers réels pour notre démocratie.

 

Et pour autant, faut-il se résigner, faut-il pour autant désespérer en le pouvoir de la paix et de la démocratie ?

 

Nous devons conserver les leçons du 8 mai et de l’espérance dans les hommes de bonne volonté qui ont abouti à la création de l’ONU.

 

Au lieu de nous replier sur nous même, au lieu de penser « guerre », ne devons nous pas nous rassembler, au-delà de nos croyances, au-delà de nos appartenances :

  • Pour faire vivre notre laïcité accueillante ?
  • Pour redonner du souffle à notre démocratie qui s’étouffe sous les affaires et qui croule sous l’argent mal gagné ou trop vite gagné ?

 

Je voudrais vous lire un message d’espoir, venant de quelqu’un qui ne nous a pas habitués à ce genre de discours :

 

« Osons dire qu’il y a aussi une belle humanité qui vaut que l’on se batte sans relâche pour elle : une humanité souvent invisible et silencieuse mais qui incarne la solidarité ordinaire et génère dans l’ombre le printemps et le changement.
Osons dire que l’humanité qui spolie, qui bafoue, qui méprise et qui pille n’est pas un échantillon représentatif de la patte humaine. Elle en est la partie la plus visible, sans scrupules, le camp des pilleurs et des cyniques. Méprisons-la et misons sur l’autre face de la médaille humaine.

Au nom de tous ceux qui, aujourd’hui, agissent comme ils l’ont fait hier et le feront demain, pour le bien être de tous, nous ne devons jamais nous soustraire à l’espérance, ni céder à la tentation de la misanthropie.
Il y a des Mandela et des Pasteur en nombre que la multitude ignore. A cette forêt qui pousse sans qu’on la voie ni l’entende, donnons de l’espace et de la lumière… ».

Il s’agit de Nicolas Hulot dans son petit livre « Osons » que m’a fait connaître mon fils.

 

Alors, afin que nos héros de la Résistance,

Alors, afin que tous les soldats français,

Alors, afin que tous les soldats des ex-colonies françaises,

Alors, afin que tous les militaires volontaires et de carrières du monde entier :

Ne soient pas morts en vains,

 

Alors, battons-nous pour des lendemains nouveaux, où les droits des hommes et de la planète seront respectés, et où l’hydre de la guerre s’éloignera à jamais.

C’est la plus belle fidélité que nous devons à tous nos morts.

 

Chers amis villaroises et villarois, nous allons comme d’habitude, appeler nos morts, faire une minute de silence, chanter notre hymne national.

Merci à toutes et à tous.

Edgar Malausséna. Maire de Villars-sur-Var.

 

 

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