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11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 02:32

Mesdames, Messieurs, chers amis villarois, 

Pour la quinzième année consécutive, je prends la parole devant vous tous, pour évoquer la terrible deuxième guerre mondiale et en tirer des leçons pour le futur. 

Croyez-le, pour moi c’est une obligation morale.

En effet, je suis né en novembre 1945, et toute mon enfance a été hantée par les discours familiaux sur cette guerre et sur la Résistance.

Mon père, ma tante furent des victimes de la répression intérieure, non seulement de la part des occupants, mais aussi et surtout de leurs collaborateurs, de nationalité française.

Je pense, qu’après avoir évoqué les années précédentes de nombreux sujets positifs concernant cette période, comme :

Les femmes et les jeunes dans la Résistance,

Les combattants venus des pays colonisés par la France,

Les débarquements, 

Il faut faire œuvre de « mémoire », en parlant d’aspects plus négatifs, bien que minoritaires dans notre pays.

Il nous faut rappeler qu’il y eu trois types de collaborations avec les allemands durant la deuxième guerre mondiale en France :

1° La collaboration d'État menée par le régime de Vichy du Maréchal Pétain.

2° Les collaborateurs politiques, appelés « collabos », d'idéologie fasciste et nazi, comme :

Le Rassemblement national populaire,

Le Parti populaire français (PPF)

ou alors,

La collaboration militaire comme la LVF.

3° La collaboration économique d'industriels et banquiers représentée par le grand patronat français.

Cette collaboration privée, volontaire, fut agréée par des décrets du gouvernement du Maréchal Pétain.

Nous, pour cette commémoration de la victoire sur le nazisme et le fascisme, nous parlerons de ce que les résistants et les français en général, eurent le plus à souffrir. 

Oui, personnellement, dans l’après guerre et longtemps encore, j’ai eu à connaître ceux qui avaient choisi une autre voie que la résistance à l’oppresseur.

Je pense, à ceux qui délibérément choisirent le camp des envahisseurs, ceux dont on parle peu dans les commémorations, comme si la France voulait les oublier, les gommer, faire comme si cette honte pouvait être effacée en se taisant.

En effet, les pires souffrances des français résistants furent l’œuvre d’autres français :

Ceux qui parlaient leur langue, et vivaient sur leurs paliers,

Ceux qui travaillaient dans la même entreprise.

Ceux qui profitaient de la situation pour s’enrichir.

Ceux qui apprirent à leurs enfants à « dénoncer » les instituteurs.

Ceux qui firent peur aux français en affichant les noms de résistants étrangers sur les murs. Le poète Aragon écrivit ce magnifique vers : « Ils cherchaient un effet de peur sur les passants ».

L'affiche rouge

Ceux qui livrèrent aux allemands, les réfugiés politiques des pays qui avaient sombré dans le nazisme et le fascisme, et qui permirent la déportation, des juifs, des communistes, des gaullistes…

Jews on selection ramp at Auschwitz, May 1944

Nous devons, surtout, nous souvenir que les collaborateurs français, au service des allemands, furent malheureusement particulièrement actifs :

Ces collaborateurs français n’étaient pas isolés puisque l’on dénombre des millions de lettres de dénonciations.

On sait que les membres allemands de la gestapo, en France, ne dépassèrent pas 2 500 agents.

Selon le policier à la retraite Henri Longuechaud, « On apprend qu’à Paris lorsque l’occupant lançait un avis de recrutement pour 2 000 policiers auxiliaires à son service, il avait reçu pas moins de 6 000 candidatures »

On sait que sans les miliciens français, y compris dans notre Canton, les occupants auraient eu plus de difficultés. 

Alors, y a-t-il dans mon propos un esprit de vengeance ?

Non pas, les années ont passé.

Beaucoup d’adultes et de jeunes qui ont participé à la collaboration ne sont plus de ce monde.

Si je souhaite que nous évoquions la « collaboration », c’est pour tirer des leçons : 

C’est pour dire que si nous n’éduquons pas nos enfants dans l’esprit de résistance à « toutes les oppressions », ils pourraient comme bien d’autres, sombrer dans les répressions.

C’est pour dire que si nous n’apprenons pas à nos petits enfants que le règne de la force finit toujours par le malheur, ils pourraient glorifier la violence. 

C’est pour dire que nous devons apprendre aux générations nouvelles, que le « culte » :

du Chef,

du Petit Père des Peuples,

Staline1

du Führer,

du Duce, 

Détails sur le produit

mène toujours à l’abandon de son propre jugement, à l’obéissance aux ordres sans réfléchir…

C’est pour dire que, nous, français, républicains, amoureux de la Liberté de penser, de s’exprimer, de voter, d’écrire, de prier, de manifester, de pétitionner :

Nous devons nous souvenir que des peuples ont sombré dans le génocide et l’assassinat de masse, tout simplement parce que l’on avait attisé la haine des autres. 

Nous devons nous souvenir que la théorie de la supériorité des races, mène à l’asservissement, à l’esclavage.

Nous devons ne pas oublier, que ceux qui ont trahi la France et dénoncé leurs compatriotes, à cette époque, peuvent avoir des descendants politiques.

Comme l’écrivait le dramaturge allemand Bertolt Brecht : Il est toujours fécond, le ventre de la bête immonde ». 

Nous, français, républicains, amoureux de toutes les libertés, nous ne considérons pas que les camps de concentrations, soient des « détails de l’histoire ». 

Nous, français libres encore aujourd’hui, nous connaissons le prix de la victoire sur les forces économiques, politiques et militaires de cette époque. 

Et cette victoire fut le fruit d’un grand rassemblement, qui fut :

Politique : avec le rassemblement dans le Conseil National de la Résistance.

Economique : avec le programme progressiste du Conseil National de la Résistance qui fut un modèle pour le monde entier et qui hélas, disparait tous les jours un peu plus devant la mondialisation de l’économie.

Militaire, avec l’unification des forces des partisans et des résistants.

Nous français démocrates de tous bords, saurons nous rassembler, pour que jamais la France, ne puisse voir revenir les descendants politiques des collaborateurs français, de cette héroïque, mais malheureuse époque.

Un peuple uni, ne sera jamais vaincu !

 

 

 

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